Je cherche fortune Aristide Bruant Harmonisation Robert Ledent Mp3 Chorale de l'ULB Voir la partition 1. Chez l' boulanger bis Fais-moi crédit bis J' n'ai plus d'argent, bis J' paierai sam'di bis Si tu n' veux pas bis M' donner du pain bis J' te cass' la gueule bis Dans ton pétrin bis Non, c'est pas moi, c'est ma soeur Qu'a cassé la machine à vapeur [Qu'a foutu la vérole au facteur] Ta gueule ter Je cherche fortune! Autour du Chat Noir Au clair de la lune A Montmartre, le soir 2. Chez l' marchand d' frites ... ... M' donner des frites J' te cass' la gueule Dans tes marmites 3. Chez l' cabar'tier ... ... M' donner à boire J' te cass' la gueule Sur ton comptoir 4. Marchand d' tabac ... ... M' donner des sèches J' fais dans ta gueule Un' large brèche 5. Chez la putain ... ... Baiser à l'oeil J' te cass' la gueule Dans ton fauteuil 6. Chez l'autr' putain ... ... M' prêter ton con J' te bouff' le cul Et les nichons 7. Chez l'aubergiste ... ... M' donner un' chambre J' te cass' la gueule Et les cinq membres 8. Chez l' chirurgien ... ... Soigner mon p'tit J' t'enfonc' dans l' cul Ton bistouri 9. Chez l' pharmacien ... ... M' donner d' potion J' te cass' la gueule Dans tes flacons 10. Chez M'sieur l' curé ... ... Nous mari-er J' te cass' la gueule Dans l' bénitier Au carnaval de Dunkerque, on chante La cabaretière fais nous crédit, On te paiera tous à samedi Si tu veux pas, m' donner à boire, On va t' choler dans ton comptoir A la piqûre, tout l'monde l'endure Le plus veinard c'est co pinard Qu'il se couche tôt, qu'il se couche tard, Il boit toujours son verre d' pinard. Je cherche fortune, tel que nous le chantons, est manifestement un assemblage de trois chansons différentes les couplets d'une part, l'interlude d'autre part et pour terminer le refrain; en effet seuls quatre vers Je cherche fortune... sont empruntés à la chanson Le Chat Noir d'Aristide Bruant 1884; dans celle-ci ils sont répétés deux illustrations ci-dessous - d'une part, dû à Steinlen, le "logo" du Chat Noir devenu celui du cabaret fondé par Rodolphe Salis fin du XVIIIe siècle; - d'autre part, par Toulouse-Lautrec une célèbre affiche d'Aristide Bruant qui fut une figure particulièrement marquante de ce cabaret. Logo Affiche A l'époque, le "Caveau du Chat Noir", premier cabaret de Pigalle, situé au pied de la butte Montmartre dans le 18ème arrondissement de Paris, était une sorte d'académie on y récitait du Jean Richepin, de l'Haraucourt, du Rollinat etc., Des aristos, de grands bourgeois y croisaient des "horizontales", Hugo, Aristide Bruant, Boris Vian, Gréco, Patachou, Michel Simon, Gainsbourg... de grands noms vinrent y boire de l'absinthe, réciter des poésies ou chanter leurs compositions. Le théâtre d'ombres y a été créé, qui devait assurer sa fortune ; on y jouait des pièces. C'était le berceau et la rampe de lancement de presque tous ces artistes de grande renommée. A titre d'information, voici paroles et musique du Chat Noir de Bruant ainsi qu'un extrait en mp3 de son enregistrement original . L'air chanté actuellement n'a, à l'exception du refrain, rien à voir avec celui du Chat Noir. Pour celui-ci, Bruant a emprunté la mélodie à l'hymne Occitan Aquelas Montanhas, mieux connu sous le titre Se canta. De 3 temps il l'a adapté en 4 temps. En voici deux interprétations. La première, en occitan normalisé. La seconde est interprétée par Andre Dassary originaire de Biarritz en pays basque qui la chante en occitan de Biarritz. Ci-après le texte, dans sa version normalisée, celle de Biarritz, ainsi que sa traduction en français. Occitan normalisé Repic Se canta, que cante ! Canta pas per ieu, Canta per ma mia Qu'es al luènh de ieu. 1. Dejós ma fenèstra I a un aucelon Tota la nuèch canta Canta sa cançon. 2. Aquelas montanhas Que tan nautas son M'enpà chan de veire Mas amors ont son 3. Baissatz-vos montanhas ! Planas levatz-vos ! Per que pòsqu veire Mas amors ont son. 4. Aquelas montanhas Tan s'abaissarà n E mas amoretas Se raprocharà n. Occitan de Biarritz Repic Se canto, que canto Canto pas per yo Canto per ma mio Qu´es al lent de you 1. Devath ma finèstro Ya un auselon Touto la noeit canto Canto sa canson 2. Aqueros montagnos Qué tan aoutos sount, M´empatchon de bésé Mas amous oun sount. 3. Baïssas bous mountagnos Planos aoussas bous! Perque posqui bésé Mas amous oun sount. 4. Aqueros montanhos Tan s’abaicharà n E mas amuretos Que raprucharà n Français Refrain S'il chante, que chante-t'il ? Il ne chante pas pour moi Il chante pour ma mie Qui est loin de moi. 1. Sous ma fenêtre Il y a un oiselet Toute la nuit il chante, Chante sa chanson. 2. Ces montagnes Qui sont si hautes, M'empêchent de voir Où sont mes amours. 3. Baissez-vous, montagnes, Plaines, dressez-vous, Pour que je puisse voir Où sont mes amours. 4. Ces montagnes S'abaisseront bientôt, Et mes amours Se rapprocheront. Ce chant est attribué à Gaston Phébus 1331-1391; il n'y a pas d'usage réglementé en tant qu'hymne. On le chante souvent à l'occasion de matchs de rugby et il a été utilisé quasi officiellement lors des Jeux Olympiques de 2006 à Turin pour montrer un attachement à l'Occitanie. Alphonse du Gros Caillou Paroles Hyppolyte Lacombe Harmonisation Robert Ledent MP3 Chorale de l'ULB Voir la partition 1. J' m'appell' Alphons', j' n'ai pas d' nom de famille, Parc' que mon pèr' n'en avait pas non plus, Quant à ma mèr', c'était un' pauvre fille Qui était née de parents inconnus. On l'appelait Thérès', pas davantage, Quoiqu' non mariés, c'étaient d'heureux époux; Et l'on disait quel beau petit ménage, Que le ménage Alphons' du Gros Caillou! 2. Après trois ans, ils eur'nt enfin la chance, Vu leur conduit', leurs bons antécédents, D' pouvoir ouvrir un' maison d' tolérance Et surtout cell' d'avoir eu quatre enfants. Sur quatre enfants, Dieu leur donna trois filles Qui ont servi dès qu'ell's ont pu chez nous; C'est que c'était une honnête famille, Que la famille Alphons' du Gros Caillou! 3. Tout prospéra, mes soeurs aidant ma mère Car elles eur'nt vite fait leur chemin; Moi-même aussi, et quelquefois mon père S'il le fallait, nous y prêtions la main. La clientèle était assez gentille, Car elle avait grande confiance en nous; Ils s'en allaient disant; quelle famille, Que la famille Alphons' du Gros Caillou! 4. Moi j' travaillais dans la magistrature, Le haut clergé, les gros officiants, J'avais pour ça l'appui d' la préfecture Où je comptais aussi quelques clients. J'étais si beau qu'on m' prenait pour un' fille, Tant j'étais tendre et caressant et doux Aussi j'étais l'orgueil de la famille, De la famille Alphons' du Gros Caillou! 5. Y avait des jours, fallait être solide, Et le quinze août, fête de l'Empereur, C'était chez nous tout rempli d'invalides, De pontonniers, d' cuirassiers, d'artilleurs. Car ce jour-là , le militair' godille Et tous ces gens sortaient contents d' chez nous; Ils se disaient quelle belle famille, Que la famille Alphons' du Gros Caillou! 6. Au-dehors nous comptions quelques pratiques Ma mèr' servait les Dam's du Sacré Coeur, Mes soeurs servaient Madam' de Metternich, Mon pèr' servait la Maison de l'Emp'reur. La clientèle était assez gentille, Puis on avait grande confiance en nous Et l'on disait "Quelle sainte famille Que la famille Alphons' du Gros Caillou" 7. Maint'nant ma mèr' s'est r'tirée des affaires, Moi j' continue mais c'est en amateur; Mes soeurs ont tout's épousé des notaires Mon père est membr' de la Légion d'Honneur, De notr' vertu la récompense brille Et si notr' sort a pu fair' des jaloux, On dit tout d' mêm' c'est un' belle famille, Que la famille Alphons' du Gros Caillou! Alphonse, en argot, désignait un homme entretenu par une femme, sans en être nécessairement le souteneur. La chanson originale comporte 6 couplets. Après les 3 premiers, on découvre le quatrième couplet assez différent Hors de chez nous, nous avions des pratiques Mon père faisait les dames du Sacré Cœur, La Paiva, madame...et toute sa clique; Ma mère faisait toute la maison de l'Empereur La clientèle était assez gentille Puis elle avait grande confiance en nous, C'est que nous étions une bien douce famille Dans la famille d'Alphonse du Gros-Caillou. La chansons se termine par les couplets 5 et 7. Elle fit, en 1888, l'objet d'un procès qui contribua au succèsLe texte écrit par Hippolyte Lacombe 1821-1889 était au départ un de ses monologues et a été publié dans Monologues en 1888. Cela explique que le texte n'était, à l'origine, destiné à être déclamé et non chanté. Ce n'est que par la suite qu'il fut mis en musique. Originaire de Rouen, Lacombe était un acteur comique qui s'est produit dans presque tous les théâtres parisiens et fut également régisseur. L'intermédiaire des chercheurs et curieux Le Gros-Caillou désignait un rocher qui symbolisait la frontière entre les terres de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés et celles de Sainte-Geneviève qui se partageaient la plaine de Grenelle. Le Gros-Caillou fut démoli en 1738 lors des travaux de construction de l'Hôtel Royal des Invalides. Néanmoins son nom a survécu et servit d'enseigne à une maison close. Le timbre des 6 premiers vers est très proche de celui du Grand métingue; pour les deux derniers vers, l'air est celui du Pendu de Saint Germain. La brave fille des abattoirs 1. Dans la fumée des faubourgs populaires Où ça sent fort la sueur et la misère Les ouvriers répondent à l'appel Des mill' sirèn's qui sifflent dans le ciel; Mais la plus bell' de toutes ces sirènes C'est un' brav' fille, à la mine sereine Et chaque soir elle est le réconfort Des louchebems, des chétifs comm' les forts Le regard pur et le front innocent Elle a les mains tout' couvertes de sang... C'est la brav' fill' des abattoirs A la Vilette il faut la voir, Assister au dernier supplice Des pauv' taureaux, des pauv' génisses Au porc qui souffre avant l' saloir Elle apporte un suprême espoir Viande à saucisse, Pour qu' les riches Ils s' l'emplissent. 2. Elle aim' les homm's avec de bell's bacchantes, Ell' se nourrit que de viande saignante, Pas de poisson, jamais de maquereau, Car ell' sait bien qu'ils ne sont pas loyaux Au grand Mimil' qu'en saignait cent à l'heure, Ell' dit un jour "T'as l'air d'un grand seigneur" Sur un étal il voulut la coucher En lui disant "C'est un prix de boucher" Tout d' suite après comm' dans un grand frisson Cert's un peu tard, elle lui répondit "Non"... 3. Mais un beau soir, là bas, près d' la Villette, Ell' trouve Mimile avec une autr' brunette Alors dans l'ombr', se faufilant sans bruit, Ell' lui assène un grand coup de fusil Ell' prend sa revanche et Mimil' s'affaisse Et puis Tata s'exclame vengeresse Tu m' l'as broyé mon p'tit coeur de vingt ans, Je vais t'arracher le tien maintenant Tout en roulant par dessus les fortifs, Le coeur de Mimil' gémissait plaintif... C'est la brav' fill' des abattoirs. Dans un rictus il faut la voir Ricaner d'un p'tit coeur qui glisse Elle est plus vach' qu'une génisse Voilà comment ell' laissa choir Le coeur de Mimil' su' l' trottoir Moralité Faut qu' ça finisse Plus d'alcool, Plus de vices Note Louchébem = boucher en argot des ... bouchers ! Cet argot consiste à remplacer la première lettre par un "L" et la reporter à la fin du mot; autre exemple filer en lousedé = filer en douce ou bien encore louf, loufoque = fou. Cette chanson a été interprétée par André Raimbourg, dit Bourvil qui en a écrit paroles et musique. La fleur des fortifs Paroles Georgius - Musique 1. Entre Malakoff et Saint-Ouen Y avait une pauvre bicoque Ousqu' habitait un' fill' de rien Mais qu'avait des allur's équivoques La malheureuse avait seize ans Elle n'avait plus ses père et mère Et pour manger conv'nablement Ell' vendait des fleurs au cim'tière Et puis l' soir ell' vendait son corps Pour s'ach'ter un' côt'lette de porc On l'appelait Fleur des Fortifs A caus' qu'elle avait l'air chétif Elle avait l'oeil rébarbatif Et f'sait l'amour en collectif Quand on pense à tous ces oisifs Qu'ont des bagu's et des pendentifs, Y' a de quoi s'arracher les tifs Y' a pas d'autr' qualificatif Tif, tif 2. Un soir près de l'usine à gaz Elle rêvait de mille tendresses Avec un gars qui fait du jazz Et qui f'rait vibrer la caisse Elle aperçut un vieux vieillard - Les vieillards ne sont jamais jeunes - Qui la suivait dans le brouillard A l'heure ousque les rich's déjeunent Que voulez-vous qu'ell' lui criât? Le vieux vieillard lui dit comm' çà "On t'appelle Fleur des Fortifs Fais un arrêt facultatif Nous allons prendr' l'apéritif Je le paierai, je n' suis pas juif J' suis vieux, mais je suis sensitif Je rêv' d'un p'tit lascif Si tu m' fais du superlatif Je te paierai double tarif" Tif, tif 3. Mais elle poussa de grands cris En reconnaissant son grand-père Arrièr' cochonnet, qu'ell' lui dit, Et il fit cinq six bonds en arrière Et dans un sursaut de dégoût Il s'étrangla avec sa barbe Et se j'ta son corps dans l'égout Tandis qu'ell' s' pendait à un arbre. Comme quoi y a toujours de l'honneur Ousqu'il y a du sens et du coeur On l'appelait Fleur des Fortifs Ell' repose sous un massif De rhododendrons maladifs Où l' rossignol chante pensif "C'est l'Etat le grand responsif Qui laiss' les fill's vendr' leur rosbif" Et le merle répond plaintif "Tout çà c'est bien emmerlatif !" Tif, tif La chanson date de 1930 ci-dessus, un extrait de l'enregistrement par l'auteur, Georgius. "Fortifs" désigne les anciennes fortifications qui protégeaient la ville de Paris; des quartiers périphériques généralement fort pauvres. La tête d'Arthur air La pièce trouée 1. Un cocher prom'nait en voiture, Sur le boul'vard, un beau matin, Un' dame et ce cochon d'Arthur ; Ils faisaient l'amour en sapin ! Le cocher, intrigué sans doute, De voir ainsi les stores baissés Par la lucarne, en cours de route R'garda, et s'mit à rigoler. Elle suçait la pin' d'Arthur Dans la voiture } bis 2. Il appela vite un confrère, Qui s'mit aussi à rigoler, Un agent, les voyant faire, Voulut à son tour reluquer. Les deux amoureux, bien tranquilles, S' caressaient sans s' douter de rien, Quand tout à coup, l' sergent d' ville Ouvr' la porte et gueule soudain Ah ! Vous sucez la pin' d'Arthur Dans la voiture } bis 3. Les bourgeois, voyant la police, Ouvrir le sapin brusquement, Accourur'nt au moment propice, Pour contempler les deux amants. Or justement l' mari d'la dame, Voyant sa moitié qu'on emm'nait Gueula, le désespoir dans l'âme Mais dit's moi donc ce qu'elle a fait ? Elle a sucé la pin' d'Arthur Dans la voiture } bis 4. Or ce monsieur était un juge, Et s' voyant ainsi cocufié, Pour éviter tout le grabuge, Arthur fut de suit' relâché. Un chansonnier vit l'aventure, Et la mit en vers à l'instant, L'intitula ? La ... têt' d'Arthur, Et puis s'en alla en chantant Elle a sucé la pin' d'Arthur Dans la voiture } bis 5. Et maintenant, je me rappelle, Qu' Arthur était un étudiant, Et que lui, ainsi que sa belle, N'ont plus l' gout d' l'amour ambulant, Aujourd'hui à chaque guindaille Lorsque chacun a bien soiffé, Quand on réclame un r'frain canaille, Les étudiants s'mettent à chanter Elle a sucé la pin' d'Arthur Dans la voiture } bis La chanson figure dès la première édition des Fleurs du Mâle 1922 et est reprise dans les rééditions ultérieures jusqu'en 1946. A l'heure actuelle, on la retrouve encore dans le Bitu magnifique. Nous n'avons malheureusement pas trouvé trace de l'air La pièce trouée. Héloïse et Abélard Paroles et musique Xanrof Harmonisation Robert Ledent Voir la partition 1. Peuples de Navarre et de France Des Batignoll's et du Jura Oyez cette triste romance! Aïe, aïe ma mère! Aïe, aïe papa! 2. C'est l'horrible mésaventure Qu'eut, il y a quelque temps de çà Un professeur d' littérature 3. De ses élèv's, nous dit l'histoire, Abélard, il s'app'lait comm' çà , Fatiguait beaucoup la mémoire 4. Le chanoine de Saint-Sulpice Comm' répétiteur le donna A sa petit' fille Héloïse 5. Le tuteur de la demoiselle Lui avait inculqué déjà Plus d'un' leçon superficielle 6. Mais çà n'manqua pas d' la surprendre Quand l'bel Abélard lui donna Un très long morceau à apprendre 7. Ne pouvant s' l'entrer dans la tête La pauvr' petit' se dépita Et s' mit à pleurer comme un' bête 8. Abélard lui disait "Patience Votre intelligenc' s'ouvrira" Ell' n'y mettait pas d'complaisance 9. Mais le tuteur, comm' dans un drame Un soir chez Abélard entra Pour lui raccourcir son programme 10. Mais dans son ardeur criminelle, Au lieu d'élaguer, il trancha La partie la plus essentielle. 11. Depuis cet acte attentatoire Jamais Abélard ne r'trouva Le fil perdu de son histoire 12. Quoiqu'ayant pris goût aux préludes, Héloïse, à cinquante ans d' là , Mourut sans finir ses études. La chanson est dédicacée à Jeanne Granier, mais a également fait partie du répertoire d'Yvette Guilbert, l'interprète favorite de Xanrof. Publiée en 1890 par J. Ondet dans Chansons parisiennes, elle est également reprise dans le n°13 de Les Chansons illustrées. Le texte est quasiment identique; seul aïe, aïe est remplacé par oï aï ! Pourtant, la chanson ou tout au moins son texte devait déjà préexister. En effet dans Chansons populaires de France, recueillies par G. Richard publié en 1867 on trouve 1. Ecoutez, sexe aimable, Le récit lamentable D'un fait très-véritable Qu'on lit dans saint Bernard. Le docteur Abeilard, Maître dans plus d'un art, Précepteur de fillette, Soupirait en cachette Pour la nièce discrète Du chanoine Fulbert. 2. Sous le même couvert Logeait le galant vert; Son latin avec zèle. Il montrait à la belle, Et l'on dit qu'auprès d'elle, ll ne le perdait pas. Mais un beau jour, hélas ! Donnant leçon tout bas, Fulbert, avec main forte, Vint frapper à la porte, Entouré d'une escorte Nombreuse et sans pitié. 3. Abeilard, effrayé, Et mourant à moitié , Quand on vint le surprendre, Lui faisait bien comprendre Un passage assez tendre Du savant art dd'aimer. Il voulut s'exprimer, Mais, sans trop s'informer, L'abbé, prenant le drôle, Lui coupa la parole, Et le maître d'école Par force resta court. 4. Dans ce funeste jour On vit pleurer l'Amour. Sans jeter feu ni flamme, Refroidi pour sa dame, Abeilard, en bonne âme, A SaintDenis s'en fut. De Satan à l'affût, ll trompa mieux le but Que défunt saint Antoine, Car la main du chanoine De l'ennemi du moine L'avait mis à couvert. 5. Voyant tout découvert, Loin de l'oncle Fulbert, La dévote Héloïse Qu'on avait compromise, S'en fut droit à l'église Du couvent d'Argenteuil. On lui fit bon accueil ; Avec la larme à l'œil, Chaque sœur se récrie Sur la main en furie Qui tranche pour la vie Le fil de ses amours. 6. Craignant les sots discours, La belle pour toujours Quitta ce domicile. Abeilard, plus tranquille, Lui fit don d'un asile, Non loin de son couvent. Héloise, en pleurant , Le mit au monument, ... Elle eut mieux fait d'en rire, Car avant qu'il expire, Elle pouvait bien dire "Ici gît mon amant." La fin de l'histoire est moins dramatique mais la raison en est peut-être dû à la censure qui régnait à l'époque. À remarquer la structure anormale du premier couplet qui ne comporte que 10 vers 3+3+3+1 alors que tous les autres en possèdent 12 2+3+3+3+1. Comme le dernier vers de chaque couplet rime avec les deux premiers du suivant, n'aurait-il pas été plus logique de décomposer en 5 couplets de 12 vers et un dernier de 10 vers ?
CURRENTLYREADING: chanson paillarde en passant par la lorraine. Share Tweet. Share on FacebookHélas ! je n'ai retrouvé ni le nom du chansonnier, ni la musique du texte ci-dessous. Toute aide sera la bienvenue Le texte On juge l'homme à ses habits; Les miens sont tous d'un goût exquis, Vos désirs sont ma loi suprême REFRAIN Qui suit avec discrétion La lettre que l'on met à la Poste, S'attache à toute passion, Qui transmet en tout lieux mille intérêts divers, Attriste ou réjouit les coeurs dans l'univers, C'est le timbre-poste. Ah, Mamzell', comm' ça vous maigrit D'aller chaqu' jour à l'exercice; Les brav's gens qu'on mêne au supplice, Son' ben p'us heureux qu'un conscrit. L'caporal dit qu'ben sûr mon être N'est point l'oeuv' d'Monsieur Craxitèl Mais j'vous quitt v'là qu'on bat le rappel Avec laquell' j'ai l'honneur d'être. REFRAIN Mon chéri, tu m'avais donné En partant 2 billets de banque; Mais tu sais si le coeur me manque Quand je vois un infortuné D'un pauvre aveugle de naissance Tes billets ont fait un heureux; Ah! Que n'as tu vu dans ses yeux, Comme moi, sa reconnaissance! REFRAIN Mon fieux, j't'écris la larme à l'oeil, Car la pauvre Jeanne est bien souffrante; Et quand tu r'cevras la présente, Peut-êtr' que j' s'rons ben tous en deuil Mais c'qui consol' not' peine extrême, C'est que not' vache à fait un veau; Tout l' mond' désir' dans le hameau Que la présent' te trouv' de même. REFRAIN Pour l'utilisation de cette chanson merci de lire entièrement la page d'accueil. "Tiens Voilà L'facteur" de BourvilTimbre République Française n° 2900 chez Y&T Mise en page François Miehe et Evelyne Siran Vente au public du 19 septembre 1994 au 14 avril 1995 Surtaxe pour la Croix Rouge Taille 21,45 x 36 Dentelure 13 Quantité en carnet Couleur multicolore Imprimé en héliogravure par ITVF Affranchissement lettre usuelle Dans chaque village, on connaît l'facteur C'est un personnage qu'on porte dans son cœur Recevoir une lettre, vous met en émoi Chacun s'dit, peut-être y'en a une pour moi Voilà pourquoi quoi quoi quoi quoi Quand l'chien aboie boie boie boie boie Tout le monde se dit avec joie {refrain} Tiens! voilà l'facteur Son p'tit air est affranchi Comme ses lettres et ses colis Tiens! voilà l'facteur Il apporte le journal Et son bonjour matinal L'été quand il fait beau, il vous dit il fait chaud Mais quand on veut la pluie, il vous dit ça pleut aujourd'hui {rires Ah! Ah!...} Tiens! voilà l'facteur Pour garder son amitié, soyez complètement {rires Ah! Ah!...} Le printemps fait naître les lettres d'amour Et pour les connaître, on attend toujours Mais par la fenêtre, un jour le facteur Vous remet une lettre Zut, c'est l'percepteur Voilà pourquoi quoi quoi quoi quoi Quand l'chien aboie boie boie boie boie Tout le monde se dit avec joie Tiens! voilà facteur A cheval sur son vélo A côté quand ça monte trop Tiens! Voilà l'facteur Et pour les plis très urgents En courant il prend son temps Quand il roule rapidement ce n'est pas pour un urgent Mais c'est tout simplement parce qu'il est poussé par le vent Tiens! Voilà l'facteur Quand il roule un peu penché, c'est qu'il a une lettre chargée {parlé Ah! Sacré facteur} Et lorsque vous restez quelques jours sans courrier Chez vous quand même il vient pour vous dire aujourd'hui y'a rien {rires Ah! Ah!...} Tiens! Voilà l'facteur Venez boire à ma santé, vous l'avez bien mérité {parlé Merci bien facteur et à demain} Un tout petit mot sur Bourvil, je le cite "Je suis né à un âge si modeste, que ça ne vaut peut-être pas la peine de le préciser. Je suis né dans une ferme en face d'une meule de foin. Il m'en est toujours resté quelque chose"Après avoir crée un groupe "Max Louisart et ses Boy", il prend sa valise pour "faire l'artiste" à Paris. Belle réussite n'est-ce-pas? Juste avant de mourir, en jouant dans le "Cercle Rouge", il n'a pas pu s'empêcher de chanter "La Tactique du Gendarme" au moment ou il va arrêter Alain Delon, vers la fin du film. Pirouette cacahuète Il était un petit homme Pirouette cacahuète Il était un petit homme Qui avait une drôle de maison Qui avait une drôle de maison Sa maison est en carton Pirouette cacahuète Sa maison est en carton Les escaliers sont en papier Les escaliers sont en papier Si vous voulez y monter Pirouette cacahuète Si vous voulez y monter Vous vous casserez le bout du nez Vous vous casserez le bout du nez Le facteur y est monté Pirouette cacahuète Le facteur y est monté Il s'est cassé le bout du nez Il s'est cassé le bout du nez On lui a raccommodé Pirouette cacahuète On lui a raccommodé Avec du joli fil doré Avec du joli fil doré Le beau fil s'est cassé Pirouette cacahuète Le beau fil s'est cassé Le bout du nez s'est envolé Le bout du nez s'est envolé Un avion à réaction Pirouette cacahuète Un avion à réaction A rattrapé le bout du nez A rattrapé le bout du nez Mon histoire est terminée Pirouette cacahuète Mon histoire est terminée Mesdames, Messieurs, applaudissez ! Mesdames, Messieurs, applaudissez ! Le facteur n'est pas passé Chanson enfantine Le facteur n'est pas passé Il ne passera jamais Lundi, mardi, mercredi Jeudi, vendredi, samedi Dimanche "Fermez les petits pois" ou "Fermez les petits pois chez soi" Règles du jeu Les enfants sont assis en cercle, le facteur a un mouchoir ou un morceau de tissu à la main. Pendant que les enfants chantent, le facteur fait le tour du cercle. Quand ils disent "Fermez les petits pois", ils ferment les yeux et le facteur laisse tomber le mouchoir derrière un enfant. Quand celui-ci s'en aperçoit, il doit ramasser le mouchoir et courir après le facteur qui lui, doit faire le tour et prendre la place laissée vide. Si le facteur arrive à prendre la place vide ou si le destinataire n'a pas vu le "courrier" dans son dos, il prend la place du facteur. Sinon, le jeu reprend avec le même dada, sur mon bidet Poser l’enfant sur les genoux et en les bougeant de manière à lui donner l'impression d'être sur un cheval Ici le bidet et à comprendre dans son sens original, le cheval de la petite poste À dada sur mon bidet Quand il trotte il est trop laid au galop, il est trop beau Au pas, au pas, au pas, Au trot, au trot, au trot Au galop, au galop, au galop, au galop Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Variante L’enfant déjà sur les genoux À dada sur mon bidet Quand il trotte il fait des pets. Quand il va sur la grande route Il fait prout ! prout ! prout cadet prout cadet Le Facteur de Babylon Circus Il parcourait la ville Les oreilles dans le vent apporter aux familles le courrier en souriant cet homme est bien gentil et tout plein de bonheur un peu de la chopine normal pour un facteur mais pas l'histoire s'aggrave il arrive a épouser une bien moche femme Qui lui pompais son blébis il n'a touché sa femme qu'une seule fois dans sa vie lui a mit une rafale lui a fait trois petits deux ans minestoison pour trois affreux bébés si tu fais l'addition 3 mois il a gagné naquirent alors 3 soeurs pas tout a fait jolies quand tu pense a leur mère t'es beaucoup moins surpris il s'écoula du temps on s'y est habitués le facteur est maintenant sous-chef au il boit toujours autant elles ont peu évoluées elles ont toutes 20 ans normal pour des triplés moi qui ne suis pas en quête de difficulté sous ma grosse couette les trois j'ai essayé la première fut pas bavarde je n'lui ai rien demandé si ce n'est que d'éteindre j’voulais pas degueuler la seconde était trop grosse j'ai failli étouffer sa n'sentait pas l'eau de rose fallait bien l'essayer! la derniére fut la pire c'est la qu'J'ai pris mon pied si ça vous fait sourire je n'ai rien regretté et j'ai pris la plus moche pour pas m'la faire voler j'la sortais le dimanche j'veux pas m'faire remarker mam'zelle est fonctionaire et c'est un beau métier elle assure mes arrières c'est la sécurité moi je vais a la pêche et je joue au tiercé parce que la vie est belle avec les Allons!... Patjoa un peu de serieux Georges MoustakiLe facteur Le jeune facteur est mort Il n'avait que dix-sept ans L'amour ne peut plus voyager Il a perdu son messager C'est lui qui venait chaque jour Les bras chargés de tous mes mots d'amour C'est lui qui tenait dans ses mains La fleur d'amour cueillie dans ton jardin Il est parti dans le ciel bleu Comme un oiseau enfin libre et heureux Et quand son âme l'a quitté Un rossignol quelque part a chanté Je t'aime autant que je t'aimais Mais je ne peux le dire désormais Il a emporté avec lui Les derniers mots que je t'avais écrit Il n'ira plus sur les chemins Fleuris de roses et de jasmins Qui mènent jusqu'à ta maison L'amour ne peut plus voyager Il a perdu son messager Et mon cœur est comme en prison Il est parti l'adolescent Qui t'apportait mes joies et mes tourments L'hiver a tué le printemps Tout est fini pour nous deux maintenant le-facteur-de-mafate-batker"Le facteur de Mafate" de Bat'ker Très belle chanson réunionnaise si vous avez le temps écoutez-là La brume dort dans la plaine Le jour se lève à peine 40 kilo de lettres C’est parti pour des kilomètres Mes vieilles pompes, ma casquette Et le cuir de ma musette J’traverse tranquille Dans ce monde paisible Les sentiers serpentent le cirque La forêt, se vante fier et haut D’appartenir à ce décor magique de falaises de voiles d’eau On y oubli même le temps J’en perd un peu dur ma tournée, les touristes m’arrêtent souvent Juste pour me photographier. J’aime le jaune de mon polo Mwin la pa peur zot y moukate Pas de moteur ni même de vélo Je suis un facteur en savates Je n’ai besoin d’aucun numéro Y’a pas de rue, y’a pas de boîte Je connais tous les habitants de là -haut Je suis le facteur de Mafate. Je connais les îlets par coeur Roche Plate, Ilet-aux-orangers Ou encore Ilet-à -malheur Chaque maison, acceuil familier Je suis un peu le messager Porteur de toutes les nouvelles Celles qui s’accrochent tout en haut des falaises. J’aime le jaune de mon polo Mwin la pa peur zot y moukate Pas de moteur ni même de vélo Je suis un facteur en savates Je n’ai besoin d’aucun numéro Y’a pas de rue, y’a pas de boîte Je connais tous les habitants de là -haut Je suis le facteur de Mafate. Fin de carrière, de timbres et de courriers Déjà quatre fois le tour de la Terre Mes mollets sont aussi durs que toutes ces années de marche Dans la fraicheur des fougères J’ai rangé ma casquette, le soleil de mon polo Je m’souviens du parfum des Tamarins Rien n’est pareil à ce métier Rien n’est aussi beau Je suis le facteur Je fais parti du tableau. J’aime le jaune de mon polo Mwin la pa peur zot y moukate Pas de moteur ni même de vélo Je suis un facteur en savates Je n’ai besoin d’aucun numéro Y’a pas de rue, y’a pas de boîte Je connais tous les habitants de là -haut Je suis le facteur de Mafate. J’aime le soleil de mon polo Je suis un facteur en savates Je connais tous les habitants de là -haut Je suis le facteur de le facteur de Mafate prit sa retraite, un hélicoptère le remplaça dans sa tournée. boris VianParoles Le Déserteur de Boris Vian Monsieur le Président Je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être Si vous avez le temps Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir Monsieur le Président Je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens C'est pas pour vous fâcher Il faut que je vous dise Ma décision est prise Je m'en vais déserter Depuis que je suis né J'ai vu mourir mon père J'ai vu partir mes frères Et pleurer mes enfants Ma mère a tant souffert Elle est dedans sa tombe Et se moque des bombes Et se moque des vers Quand j'étais prisonnier On m'a volé ma femme On m'a volé mon âme Et tout mon cher passé Demain de bon matin Je fermerai ma porte Au nez des années mortes J'irai sur les chemins Je mendierai ma vie Sur les routes de France De Bretagne en Provence Et je dirai aux gens Refusez d'obéir Refusez de la faire N'allez pas à la guerre Refusez de partir S'il faut donner son sang Allez donner le vôtre Vous êtes bon apôtre Monsieur le Président Si vous me poursuivez Prévenez vos gendarmes Que je n'aurai pas d'armes Et qu'ils pourront tirer PATJOA visiteurs depuis le 20/08/2013
Paroles Télécharger des partitions gratuites: Bourvil. Top. À Bicyclette . À Joinville-Le-Pont. Avec Bidasse. Ballade Irlandaise. Caroline, Caroline. Ce P'Tit Air Là . Top. C'Est L'Piston. Douce, Si Douce. Houpetta La Bella. La Ballade Irlandaise. La Rumba Du Pinçeau. Le Boogie-Yogi. Top. Le Poisson Rouge. Les Abeilles. Ma P'Tit' Chanson. Salade De Fruits. Tiens Voilà L'Facteur. Le jeune facteur est mort Il n'avait que dix-sept ans Tout est fini pour lui maintenant L'amour ne peut plus voyager Il a perdu son messager C'est lui qui venait chaque jour Les bras chargés de tous mes mots d'amour C'est lui qui portait dans ses mains La fleur d'amour cueillie dans ton jardin Il est parti dans le ciel bleu Comme un oiseau enfin libre et heureux Et quand son âme me l'a quitté Un rossignol quelque part a chanté Je t'aime autant que je t'aimais Mais je ne peux le dire désormais Il a emporté avec lui Les derniers mots que je t'avais écrit Il n'ira plus sur les chemins Fleuris de rose et de jasmin Qui mènent jusqu'à ta maison On on on on on L'amour ne peut plus voyager Il a perdu son messager Et mon coeur est comme en prison On on on on on Il est parti l'adolescent Qui t'apportait mes joies et mes tourments L'hiver a tué le printemps Tout est fini pour nous deux maintenant.Bourvil; Paroles Bourvil; Videos Bourvil; À Bicyclette; À Joinville-le-Pont; À Pied, à Cheval Et En Voiture; A Bicyclette; A Dada; A Joinville-le-Pont; A La Campagne ; A Pied, à Ch'val Et En Voiture; Abonné Au Gaz; Abuglubu, Abugluba; Abuglubu, Abugluba (feat Pierrette Bruno) Adèle; Adèle; Allumett' Polka; Angèle; Antonin; Attachement; Au Son De L'accordéon; Avec Bidasse;
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Bourvil: Tiens, voilĂ le facteur Infos pratiques : Pour aller acheter un timbre Ă EtrĂ©aupont : depuis Bergues : prendre la D916, continuer sur l’A25 direction Lille, prendre l’A1 puis l’A27, direction Valenciennes. Prendre l’A23, l’A2, la D649 et enfin la N2 (191 km, 2h08) Écouter l'Ă©mission. Emission du lundi 05 octobre 2009 - 01/11 5 octobre 2009 - MP3 - Emission du Sur la scène d’Odyssud oĂą Édouard Baer prĂ©sente ce mois-ci sa dernière pièce, les Toulousains familiers des nuits de Victor-Hugo, du gras de Noir de Bigorre et du son de la guitare sèche, reconnaitront la silhouette de Tito. Guitariste d’élite, maĂ®tre coupeur de jambon, grand viveur, saltimbanque Ă la joie communicative, quelque part entre le marlou d’Audiard et la crĂ©ature fellinienne, cet Aquitain a traversĂ© bien des dĂ©serts avant de vivre, Ă la radio, au théâtre et au cinĂ©ma, une vie rĂŞvĂ©e d’amuseur et de je te dis tout, je pars en prison et ton magazine sera retirĂ© des kiosques ! » Tito s’esclaffe en remuant sur place avec son air canaille, Ă la fois inaltĂ©rĂ© et toujours surprenant. Presque vingt ans pourtant qu’on connaĂ®t l’animal, dans le genre fĂ©lin ondoyant, regard aux aguets, voix mĂ©lodieuse au bord du rire. On se souvient de lui la première fois en 2002 ou 2003, derrière le comptoir du J’Go, l’établissement de la place Victor-Hugo il coupait, avec une inlassable patience mĂ©thodique, des lamelles de Noir de Bigorre, puis Ă la fin du service, troquant le jambon et le couteau pour la guitare, il avait diverti les derniers clients jusqu’à l’aube dans un mĂ©lange, qui depuis a fait sa lĂ©gende, de chansons Ă boire et de mĂ©lodies Ă pleurer. Cette nuit qui en a appelĂ© beaucoup d’autres en sa compagnie, on se rappelle l’avoir trouvĂ© spirituel, racĂ©, flamboyant, une gueule de Cheyenne et des manières dĂ©licates ; aujourd’hui Ă 55 ans, frais grand-père, il n’a pas beaucoup changĂ©. Il revient ce mois-ci Odyssud du 19 au 21 novembre, oĂą il accompagne sur scène Édouard Baer dans son spectacle Les Ă©lucubrations d’un homme soudain frappĂ© par la grâce. Un titre Ă rallonge comique, très baeresque, mi-De Broca mi-dada, qui conviendrait Ă©galement très bien pour prĂ©senter la vie de notre sujet. En guise d’amorce Ă©difiante, le jour de notre rendez-vous, il se pointe vĂŞtu d’une improbable chemise Ă motifs floraux taillĂ©e sur mesure en Chine et siglĂ©e El Tito sur la bande du col Je t’ai pas racontĂ© ? Ma photo avec François Hollande trĂ´ne dans le plus grand souk de Shanghai… ». Sans attendre, il en retrousse les manches pour dĂ©couvrir ses avant-bras couverts de tatouages Ă l’encre turquoise estompĂ©e dans le dĂ©tail un poignard de la vengeance, une tombe, un parchemin, une tĂŞte de diable, le A cerclĂ© de ceux qui ne frĂ©quentent ni les isoloirs ni les Ă©glises, et un très distinct encore Mort aux Vaches. VoilĂ saisi, en quelques touches rapides, le baroquisme du personnage chemise sur mesure et tags sur la peau ; la Chine et l’anarchie ; les goĂ»ts d’aristo et les habitudes de mauvais garçon, Ă moins que ce ne soit l’inverse. Celui qu’on appelle Tito est nĂ© sous un autre nom au Bouscat, dans la banlieue bordelaise. Pourquoi Tito, au fait ? Gamin, j’étais maigre comme un moineau et je sifflais tout le temps. Titi, Tito, le surnom est venu. Maintenant tout le monde m’appelle comme ça, Ă part les gens de l’administration et les flics quand ils m’arrĂŞtent. » On sent que ça le ravit, cette distinction Ă la sonoritĂ© enfantine. On suggère, comme chez beaucoup d’artistes, le dĂ©sir, mĂŞme inconscient, de s’inventer, de s’arracher de la sorte aux clous identitaires ; il fait la moue, rĂ©torque qu’il n’a pas choisi mais acceptĂ© ce surnom ; une manière bien commode cependant, nous glissera-t-il plus tard, de tenir Ă distance les fantĂ´mes du passĂ© ». Car oui, comme il en va proverbialement des amuseurs, sous l’apparente fantaisie dĂ©bonnaire, les fantĂ´mes chez lui aussi sont lĂ , certains bien agitĂ©s et douloureux encore, que la pudeur s’emploie Ă chasser. © SĂ©bastien Vaissière Doinel en santiags Tito a grandi dans une CitĂ© HLM Ă MĂ©rignac, un de ces grands ensembles Ă la grisaille bĂ©tonneuse qui ont fleuri en pĂ©riphĂ©rie des villes dans la France de l’après-guerre. Il y a vĂ©cu son enfance et une partie de sa jeunesse, avec son père RenĂ©, sa mère Christiane, et ses deux grandes sĹ“urs Catherine et Christine, Ă cinq dans un appartement oĂą Tito le dernier-nĂ©, n’ayant pas de chambre, dort dans la salle Ă manger avec le chat. Maman, native du Bassin, travaille Ă l’usine Mod’s 8, le fabricant de chaussures. Papa, aux origines diverses italo-autrichienne par la mère, suisse-allemande par le père, est pupille de la nation ; placĂ© dans un orphelinat, illettrĂ©, il travaille aux champs, puis devient maçon, puis fonctionnaire aux PTT. Tito ne s’étend pas, mais entre les lignes on devine l’âpretĂ© de la vie ouvrière, sa pesante fatigue, ses invariables dĂ©bordements Ă la Zola, la façon dont sur la durĂ©e elle esquinte les corps autant que les esprits ; enfant, Ă la maison comme ailleurs dans la CitĂ©, Tito en fut un tĂ©moin inquiet. Par-delĂ l’environnement, les conditions de vie, le sentiment de relĂ©gation, une Ă©nergie se dĂ©ploie, un tempĂ©rament, très tĂ´t, s’affirme. Avec les copains, on jouait tout le temps au foot. Je me revoie aussi en train de monter aux arbres, de crier comme Tarzan, de jouer aux Indiens avec un arc ou une fronde. » Sa sĹ“ur Catherine se souvient C’était un enfant très drĂ´le, très libre, toujours prĂŞt Ă faire les 400 coups. Il Ă©tait notre petit frère, alors nous l’avons pas mal taquinĂ© avec ma sĹ“ur. Dès qu’on nous laissait seuls dans l’appartement, on en profitait pour le dĂ©guiser, il finissait souvent avec les chaussures et les foulards de maman. » Le dĂ©guisement, tiens donc, si important ensuite dans la panoplie de l’artiste de music-hall, capable de monter sur scène en habit de panthère ou de passer deux mois Ă confectionner une cape avec 2 100 coquilles d’escargots et une longue traĂ®ne de bave !. Ă€ l’école, Tarzan s’ennuie. Il fait le pitre, ne pense qu’aux filles. Ah Rosita, l’Espagnole, on Ă©tait tous amoureux d’elle. Qu’est-ce qu’elle sentait bon ! » De la sixième Ă la quatrième il suit des cours amĂ©nagĂ©s, puis s’oriente vers un CAP en mĂ©canique gĂ©nĂ©rale. Je pensais faire de la mĂ©canique en gĂ©nĂ©ral, alors que ça voulait dire devenir tourneur-fraiseur-ajusteur. » Au rassemblement des cancres et des caĂŻds, il tient son rang. C’est l’époque des larcins, de la glande souveraine, des vadrouilles sans but. Je me fais virer la dernière annĂ©e du CAP après avoir saccagĂ© une salle de classe avec des copains. Tous les matins je fais croire Ă mon père que je vais encore Ă l’école. Je mens très bien et ma mère, comme d’habitude, me protège. » Dans ces annĂ©es, en contrepoint lumineux de la CitĂ©, il y a les plages et le port du Taussat dans le Bassin d’Arcachon, et cette cabane secondaire » comme dit joliment Tito, dans les bois près du rivage, sans eau ni Ă©lectricitĂ©, oĂą se retrouve chaque Ă©tĂ© la famille. LĂ -bas, les journĂ©es s’étirent, il ramasse les coquillages, il pĂŞche l’anguille avec son père. J’ai toujours voulu ĂŞtre pĂŞcheur », dit-il aujourd’hui encore, après avoir transmis le virus Ă son fils. L’étĂ© de ses 14 ans, on lui confie la gĂ©rance du manège appartenant Ă la branche foraine de la famille, du cĂ´tĂ© de sa mère ; avec l’argent gagnĂ©, il s’achète sa première mobylette, une MotobĂ©cane 51 Super. Nous sommes Ă la fin des annĂ©es 70, Tito porte blouson noir, jean dĂ©chirĂ© et santiags, un mĂ©lange de Renaud et du Doinel de Truffaut un peu zonard, gouailleur, rusĂ©, rĂ©fractaire. Des voies peu licites le tentent, il a envie de respirer ailleurs ; heureusement, la musique est dĂ©jĂ entrĂ©e dans sa vie. © Bite d’acier Ă€ 3 ans, l’enfant fait des caprices il ne veut manger que dans l’assiette oĂą il y a le dessin du monsieur en tenue de mandarin qui joue de la guitare. Ă€ 7 ans, son père lui ramène sa première guitare, un jouet de frontière, noir et feu, impossible Ă accorder. » Avec ses sĹ“urs, ils passent Ă longueurs de soirĂ©es près du transistor les groupes anglais qui passent Ă la radio. Ă€ 14 ans, il touche sa première guitare Ă©lectrique et monte son premier groupe avec les copains de la CitĂ© The Flames. On dessinait des flammes partout oĂą on allait sur les murs, sur les blousons en jean. J’étais le seul qui savait jouer de la guitare, des types avaient commencĂ© Ă m’apprendre quelques notes de blues Ă la Maison du quartier. » Un an plus tard, c’est du sĂ©rieux enfin presque !, il monte, avec MĂ©melle et Laurent, un nouveau groupe BĂ©ton ArmĂ©. PrĂ©posĂ© au chant et Ă la guitare, il Ă©crit ses premières chansons, se prend logiquement pour une star. Le son est rock, une scène bordelaise » Ă©merge alors, de laquelle se distinguera Noir DĂ©sir. Pour l’essentiel, le groupe se contente de reprises et Tito braille en yaourt. Le dĂ©clic intervient un jour chez les parents d’un ami, quand il dĂ©couvre dans un coin de la bibliothèque le rĂ©pertoire des chansons paillardes. VoilĂ la belle idĂ©e, dans la veine punk du moment reprendre des paroles de cul sur des airs rock. Ça donnera des titres comme Branle Charlotte ou Bite d’acier ce dernier sur l’air de Highway to Hell, avec ces paroles onctueuses Quand il Ă©tait / Chez les curĂ©s / Bite, bite, bite d’acier / Sonnez les cloches / Ă€ coup de bĂ©lier / Bite, bite, bite d’acier. Le rĂ©sultat sur scène ? Les gens sont outrĂ©s, on dĂ©branche nos amplis. Rapidement, mes potes n’assument pas, je continuerai tout seul. » Tito a 17 ans, il vient de rater l’examen du CAP, il est Ă la rue. Il prend sa mobylette, fait le tour de la zone industrielle de MĂ©rignac et, suivant l’exemple d’un certain nombre de ses camarades de la CitĂ©, se fait embaucher dans une usine comme polisseur sur mĂ©taux. Un soir Ă la mĂŞme Ă©poque, il traĂ®ne devant le parc de la mairie de MĂ©rignac et repère l’endroit oĂą le gardien planque les clĂ©s. La nuit suivante, avec les copains, ils cambriolent la mairie, enfin on vole 6 tronçonneuses dans l’idĂ©e de les revendre après ». IdĂ©e lumineuse, sauf qu’une bouche mal intentionnĂ©e le balance et qu’un matin la police dĂ©barque Ă l’usine. Le maire de MĂ©rignac, Michel Sainte-Marie maire historique de la ville pendant 40 ans, le reçoit alors dans son bureau et lui tient Ă peu près ce langage Écoutez, je ne vais pas porter plainte mais vous allez faire deux choses ramener les tronçonneuses et travailler pour moi Ă la mairie. » Et voilĂ notre apprenti cambrioleur chargĂ© tous les samedis durant quelques mois, tronçonneuse en mains, d’entretenir le jardin de la mairie. En parallèle de l’usine, la nuit, plutĂ´t que de poursuivre sa carrière dans le banditisme, Tito file de l’autre cĂ´tĂ© de la Garonne, Ă Lormont, oĂą un lieu commence Ă attirer les blousons noirs et les mobylettes CrĂ©ation, le bien nommĂ©, est tenu par un ex-taulard amateur de pogos, William Perez, et chez lui se retrouvent tous les groupes de la fameuse scène rock bordelaise. Tito affine ses compos, il s’essaie Ă des textes plus sĂ©rieux pour plaire aux filles » NĂ© pour souffrir, s’avise qu’il est meilleur pour les conneries » Riton la Moustache, La flicaille c’est la racaille. Surtout, c’est lĂ -bas qu’il dĂ©couvre le flamenco avec les gitans et les Espagnols qui dĂ©barquent certains soirs. LibertĂ© d’allure, danse fiĂ©vreuse, chant profond, et puis ces mains qui claquent, ces talons qui rĂ©sonnent la passion pour cette musique populaire et enjouĂ©e est immĂ©diate, Tito se met Ă la guitare sèche et s’initie aux diffĂ©rents styles. L’étĂ©, il met en pratique en faisant le tour des plages de la cĂ´te et du Bassin, guitare sous le bras. J’ai fait 80 dates tous les Ă©tĂ©s pendant plusieurs annĂ©es, dans les bars, les boĂ®tes, les camps naturistes. Ă€ l’époque, tout le monde voulait les Gipsys Kings, Bamboleo, et comme les gens craignaient de faire appel aux vrais gitans, j’étais un des seuls Ă savoir le faire. » T’es un malade, toi ! » Les concerts, les virĂ©es, c’est le soir, l’étĂ©, pour se distraire d’un quotidien Ă l’usine qui lui pèse de plus en plus. Tito voit les collègues, ceux qui sont lĂ depuis vingt ou trente ans, dos cabossĂ©, gamma GT au plafond. Un après-midi, je m’en souviens très bien, j’ai posĂ© les gants et je suis parti. » Il a 23 ans, il baratine l’ANPE pour toucher des indemnitĂ©s, il pense Ă survivre, c’est tout. Arrive alors la proposition qui va changer sa vie. BenoĂ®t et Pierre, deux jeunes Bordelais Ă qui il donne des cours de guitare, partent un an Ă Cordoue pour suivre l’enseignement d’un maestro du flamenco, Merengue de CĂłrdoba ; ils proposent Ă Tito de venir ; quand on n’a rien Ă perdre, c’est sans doute plus facile d’accepter. Problème Tito, qui n’a ni visa ni carte d’identitĂ©, se fait refouler par les douaniers espagnols Ă la gare d’Hendaye. Les valises pleines, la guitare sur le dos, le baroudeur ne dĂ©sarme pas, marche deux kilomètres jusqu’au poste frontière d’Irun et, avec son permis de chasse frappĂ© du tampon de la RĂ©publique !, arrive Ă convaincre un douanier moins vĂ©tilleux. Il finit, non sans avoir au prĂ©alable guidĂ© un Marocain sans-papiers dans sa navigation clandestine vers AlgĂ©siras, par retrouver ses deux camarades d’aventure, et atteindre Cordoue, l’Andalousie, terre de toutes les promesses. La vie lĂ -bas, les premiers temps, ne ressemble pas exactement Ă la fiesta dĂ©bridĂ©e. Tous les mois, se souvient Tito, j’attends le facteur pour recevoir mon chèque de l’ANPE que ma mère m’envoie par mandat après avoir pointĂ© Ă ma place. Je vis avec dix francs par jour, je me nourris de chips et de Vache qui rit, je bois de l’eau chaude. Mais je m’en fous, je suis prĂŞt Ă tout pour la guitare, je comprends que c’est ma vie. » Tito gratte et pince dix heures par jour, jusqu’à s’abĂ®mer les doigts. T’es un malade, toi ! » lui lance le maestro Merengue, qui pourtant en a vu passer quelques-uns. BenoĂ®t et Pierre finissent par rentrer en France. Tito reste seul chez la mère de Merengue qui l’hĂ©berge, il veut devenir musicien, il ne se laisse plus le choix. Une rencontre sera alors dĂ©cisive Miguel Rojo, un Ă©crivain, rĂ©fugiĂ© politique chilien, que Tito croise un Ă©tĂ© pendant sa tournĂ©e des bars Ă Bordeaux. Miguel le convainc de l’accompagner Ă SĂ©ville oĂą il connaĂ®t du monde et, dès le premier jour, lui fait rencontrer Paco Lira, patron de la mythique Carboneria. De cette ancienne synagogue devenue charbonnerie d’oĂą le nom, Paco a fait, depuis le milieu des annĂ©es 70, une salle de concert, un lieu d’exposition, d’agitation politique et de fĂŞte ; toute la culture andalouse, de l’esprit mauresque Ă l’âme gitane, et toute l’effervescence de l’époque condensĂ©es en un endroit. L’architecture et la dĂ©co sont baroques, avec les cheminĂ©es, les murs peints en bleu Frida Kahlo, les objets de rĂ©cup’, le grand bar, le patio. Une salle est dĂ©diĂ©e au flamenco. Jamais de musique d’ambiance, que des musiciens live. Tous les jours, s’émerveille encore Tito, je croisais des chanteurs, des intellectuels, des artistes. C’était la première fois que je voyais des gens comme ça ! » Pendant dix ans entrecoupĂ©s de retours alimentaires Ă Bordeaux, Tito vit Ă la Carbo ». Le soir, il accompagne sur scène des grands maĂ®tres de passage, comme le chanteur El Cabrero surnommĂ© ainsi, le chevrier, parce qu’à l’adolescence il a vendu les trois chèvres de son hĂ©ritage, et qu’il est descendu Ă pied de son village de montagne jusqu’à SĂ©ville pour devenir chanteur. Après les concerts, au bout de ces nuits qui n’en finissent pas de s’étirer, Tito dort sur place, Ă l’étage, dans une pièce sĂ©parĂ©e des autres par un drap blanc, sur un matelas qu’il partage avec son ami chilien Miguel. Le rythme est contraignant il lui arrive de jouer plusieurs heures, un peu austère les revenus n’ont pas augmentĂ©, et en mĂŞme temps, chaque soir, il se sent grisĂ© par la libertĂ© folle » des gens. Il frĂ©quente le gratin du flamenco, s’aventure dans le quartier des Tres Mil », rĂ©putĂ© inaccessible aux non-gitans, qui ferait passer le Bronx pour une station balnĂ©aire. Tout ce que j’ai appris Ă ce moment-lĂ , s’avise aujourd’hui Tito, n’existe pas dans les livres. Sans le savoir, j’ai recueilli le tĂ©moignage d’un monde souterrain et d’une Ă©poque disparue. » Naissance de La Casquette Citons quelques noms de gĂ©nies plus ou moins anonymes Ă qui Tito pique des trucs » les guitaristes Mario Escudero et Carlos Heredia une bĂŞte, un talent immense » ; les chanteurs Paco de Valdeña qui, sur scène, tombe la veste Ă moitiĂ© pour la faire tourner et Miguel El Funi dandy sublime, avec l’écharpe blanche, la gomina, la pochette, le peigne toujours dans la poche. Que le lecteur intriguĂ© s’amuse Ă taper les noms sur Youtube sa curiositĂ©, qu’il n’en doute pas, sera rĂ©compensĂ©e. Et puis un soir Ă la Carboneria, Paco Lira lui prĂ©sente Juan del Gastor, hĂ©ritier d’une dynastie de guitaristes, l’inventeur d’un style, d’une manière de jouer très Ă©purĂ©e dont la genèse mĂ©rite d’être contĂ©e. MorĂłn de la Frontera, la ville qui a vu naĂ®tre le maestro au cĹ“ur de l’Andalousie, a longtemps accueilli une base militaire amĂ©ricaine. Pendant la pĂ©riode franquiste, des milliers de soldats sont venus dĂ©penser de l’argent dans les bars et les puticlubs, et dans les radios locales Ă l’époque, pour accommoder les pensionnaires de la ville, on passait beaucoup de blues. Le petit Juan a entendu ça, et plus tard, dans ses compositions, il cherchera Ă retrouver ces sonoritĂ©s venus d’AmĂ©rique en les mĂŞlant Ă des harmonies traditionnelles, ce qu’on appellera El Toque de MorĂłn. Quand il dĂ©couvre cette technique et la variĂ©tĂ© des Ă©motions qu’elle gĂ©nère, Tito se dit voilĂ ce que je veux faire ; ce mĂ©lange de rock, de blues et de flamenco, c’est moi, c’est mon style. Il se rend tous les après-midis chez Juan del Gastor pour une patiente initiation. Il m’apprend, ou plutĂ´t il me montre. Le flamenco, c’est avant tout une tradition orale, d’abord parce que beaucoup ne savent pas lire la musique. On croit Ă la relation maĂ®tre-Ă©lève. » Dans la famille, il y a aussi le cousin, Dieguito de MorĂłn. Le plus grand guitariste que j’ai vu de ma vie. Un illuminĂ© gĂ©nial, avec de longs cheveux noirs, un regard de dĂ©ment. » Et l’on se rappelle soudain avoir entendu Tito nous dire, un soir au J’Go Mon idĂ©al, c’est la violence de Jimi Hendrix et la majestĂ© de Paco de LucĂa. » Au dĂ©but des annĂ©es 2000, plus prosaĂŻquement, dans ce qu’il est convenu d’appeler la vie sociale et professionnelle, Tito galère. La mère de sa fille ChloĂ© le quitte. Quand il n’a pas de contrat Ă SĂ©ville, il enchaĂ®ne les boulots en intĂ©rim Ă Bordeaux. Dans la liste non-exhaustive des mĂ©tiers exercĂ©s, digne d’un inventaire Ă la PrĂ©vert, on retiendra monteur en Ă©chafaudage, rĂ©parateur de chariots dans les supermarchĂ©s, pizzaĂŻolo, animalier de laboratoire, laveur de voitures, vendeur de casseroles, dĂ©manteleur de carcasses d’avions il dĂ©coupe les ailes en aluminium pour les revendre aux ferrailleurs…. Bref, Tito accepte n’importe quoi ; Ă 35 piges, il survit encore. C’est le moment oĂą, après la rĂ©vĂ©lation du Toque de MorĂłn, il dĂ©couvre les sĂ©villanes de Lebrija, le village andalou d’oĂą est originaire Concha Vargas, la grande danseuse que Tito accompagne parfois sur scène et qui donne des cours Ă la Carbo ». Ce qu’elles ont d’atypique ces sĂ©villanes, c’est la part d’improvisation dans les paroles ; rien n’est figĂ©, chacun est libre d’y exprimer sa sensibilitĂ© du moment, politique ou intime. Tito s’empare de l’idĂ©e et l’adapte Ă sa manière. J’ai toujours fait ça, explique-t-il partir de quelque chose qui existe dĂ©jĂ pour le dĂ©tourner de manière comique, lĂ©gère. Je suis un grand dĂ©tourneur ! » Ainsi naĂ®t La Casquette en plomb, sĂ©villane brutale, comme tordue par un dĂ©lire sur la gueule de bois, l’un des premiers tubes de flamenco en langue française. Les annĂ©es J’Go Ă€ la suite de La Casquette, d’autres titres prennent formes La Buleria del Tilititron, RĂ©gale d’âme pour deux, Je… Des rumbas, des bulerĂas avec des textes rigolos », comme si toutes les pièces, patiemment assemblĂ©es, se mettaient d’un coup Ă fonctionner ensemble. Tito, pour la première fois, a envie d’enregistrer un album. Bien sĂ»r, il n’a pas les moyens de le financer. Un ami va alors jouer un rĂ´le dĂ©cisif, Denis MĂ©liet, le très regrettĂ© fondateur du J’Go. On se connaissait depuis le Jour de FĂŞte, le premier bar de Denis Ă Auch oĂą j’étais venu quelques soirs faire l’animation. On est devenus copains, il est venu me voir Ă SĂ©ville. Quand je lui parle de mon projet d’album, il est prĂŞt Ă m’aider. » VoilĂ comment, entre deux sĂ©ances d’enregistrement au studio Polygone de Blagnac en mĂŞme temps que Bernard Lavilliers et Bernardo Sandoval, la classe ! », Tito se retrouve derrière le comptoir du J’Go, place Victor-Hugo, Ă couper du Noir de Bigorre. Coupeur de jambon, un mĂ©tier courant et respectĂ© dans les bars en Espagne, inĂ©dit en France. Denis MĂ©liet a l’idĂ©e de ce rĂ´le dĂ©calĂ© pour son ami, qui l’aidera par la mĂŞme occasion Ă financer son projet. Un premier album et un nouveau mĂ©tier l’aventure rebondit, c’est ce que prĂ©fère notre hĂ©ros. Tous les soirs au J’Go, Tito ne se prive pas de tester ses chansons devant un public qui en redemande. InspirĂ© par la similitude oblongue des formes, il a une idĂ©e de spectacle Guitare et Jambon ». Nous sommes au mitan des annĂ©es 2000, Tito se dĂ©ploie, multiplie les projets. C’est l’époque des concerts Ă Planète Andalousie, haut-lieu du flamenco Ă Montreuil. Dans cette salle habituĂ©e aux raffinements andalous, Tito dĂ©barque en peau de panthère, se fout Ă poil, sert des pois chiches Ă des spectateurs hallucinĂ©s. Du burlesque de cabaret, mais sans cĂ©der sur la rigueur musicale ; une attitude punk, pour casser l’esprit de sĂ©rieux », mais sans agressivitĂ©, sans forcer le trait, avec souvent un rictus de tendresse mĂ©lancolique Ă la Bourvil. Durant cette pĂ©riode riche en rencontres, Tito cĂ´toie un autre fĂ©lin au chant douloureux, Nilda Fernández. J’ai jouĂ© avec lui, on a mĂŞme vĂ©cu trois mois ensemble pour faire son album. Un ĂŞtre rare, très pur, très gĂ©nĂ©reux, Ă©lĂ©gant, sensible. On Ă©tait très proches, sa mort m’a beaucoup peinĂ©. » Il tourne Ă©galement avec RaphaĂ«l Fays, un des plus grands guitaristes du monde, avec lequel il commet trois albums chez Harmonia Mundi. Christophe Lamezas, druide du J’Go, son ami depuis vingt ans, suggère une mĂ©prise Tito est souvent perçu comme un saltimbanque. Il le revendique d’ailleurs, parce qu’il est d’une modestie incroyable, mais c’est beaucoup plus fort que ça ; il est avant tout un très grand musicien. » © RĂ©mi Benoit En 2008, quand le J’Go ouvre ses portes Ă Saint-Germain-des-PrĂ©s, Denis MĂ©liet demande Ă nouveau Ă son ami d’enfiler le tablier du coupeur de jambon. Il lui façonne une table sur mesure, en lĂ©ger surplomb, la table Ă Tito ». Le restaurant, Ă Paris comme dĂ©jĂ Ă Toulouse, devient un peu sa scène. Des clients viennent l’écouter chanter et dĂ©conner ; parmi eux, Édouard Baer, noctambule Ă l’oreille fine, sensible aux Ă©piphanies de bistrot. Entre le plus très jeune garnement familier de la galère et l’élĂ©gant rhĂ©teur parisien, enfant de Bizot, cadet de Noiret et Rochefort, le lien se fait naturellement. Au-delĂ de la fantaisie, quelque chose les rapproche d’évidence, une mĂŞme volontĂ© de ne pas sĂ©parer l’art et la vie, la scène et les coulisses, une façon d’habiter poĂ©tiquement le monde. Il m’a offert une place dans son univers et je m’y suis tout de suite senti Ă l’aise, confie, reconnaissant, Tito. Il aime ce que je fais, il me laisse libre de m’exprimer. C’est mon meilleur agent aujourd’hui ! » D’abord Ă la radio Nova, puis France Inter oĂą Baer lui demande d’intervenir aux cĂ´tĂ©s de sa bande habituelle, François Rollin, Atmen Kelif, des as de la digression loufoque ; et maintenant au théâtre, dans le dernier spectacle du comĂ©dien, pour des incises musicales et, surtout, pour faire la route ensemble. Autre rencontre importante, celle avec le rĂ©alisateur Christophe Duthuron qui, en 2018, lui propose un rĂ´le dans son film Les Vieux Fourneaux, avec Eddy Mitchell, Pierre Richard et Alice Paul. Tito n’en revient toujours pas Je n’avais jamais jouĂ© la comĂ©die. Je ne suis pas un acteur bien sĂ»r, je joue ce que je suis. MĂŞme si j’ai toujours bien aimĂ© affabuler, c’est vrai… » Avec sa gueule, son grain, son intelligence de l’instant, Ă vrai dire on n’a Ă©tĂ© moins surpris que lui de la proposition, et on ne le serait pas davantage si l’expĂ©rience venait Ă se renouveler. Un troubadour Ă Saint-Germain Celui qui a suivi une initiation au chamanisme après une expĂ©rience troublante Ă Terre-Neuve une histoire de baleine Ă©chouĂ©e dans la baie de St-John’s après un dessin prĂ©monitoire… croit davantage aux signes, aux liens magiques, Ă la vie dĂ©sordonnĂ©e des esprits, qu’à une route tracĂ©e au grĂ© des intĂ©rĂŞts et de l’ambition. Je n’ai jamais couru le cachet. Mes employeurs ont toujours Ă©tĂ© mes potes Ă Bordeaux, Ă SĂ©ville, Denis, Édouard… Ils Ă©crivent des rĂ´les pour moi », s’excuse-t-il presque, toujours trop modeste. Son ami Lamezas corrige Il a galĂ©rĂ©, il n’a jamais eu d’argent, mais sa richesse c’est sa vie, tout ce qu’il a connu. Des mecs comme ça, on n’en rencontre pas beaucoup dans une vie. » Catherine, la grande sĹ“ur, abonde et complète Je peux passer des heures Ă l’écouter me raconter ses soirĂ©es, ses rencontres, ses expĂ©riences. Il est curieux de tout, il a de l’humour, il est humble, ses succès ne l’ont pas changĂ©. » © Pascal Chantier Ces dernières annĂ©es, on le croisait souvent dans les allĂ©es du marchĂ© Saint-Germain oĂą le J’Go faisait vivre une loge. Il est devenu le musicien de Saint-Germain », le troubadour d’un drĂ´le de village un peu endormi, oĂą flottent encore les fantĂ´mes de Vian et Blondin. Les gens le reconnaissent, l’interpellent, et il leur raconte peut-ĂŞtre comment, Ă la suite d’un pari, il a traversĂ© le Sahara au volant d’une 600 Mercedes V12. Je ne cherche rien, dĂ©clare Tito. Je n’ai pas besoin de plus, j’attends que ça arrive. » Un genre de philosophie, pas très Ă©loignĂ©e de la sagesse stoĂŻcienne, qui semble le rendre heureux. Il a trouvĂ© son petit paradis », un chalet au bord du lac de Hourtin, dans ce Bassin d’Arcachon qu’il n’a jamais vraiment quittĂ©. Il a son bateau, il pĂŞche avec son fils de 19 ans, Mathys. ChloĂ©, qui vient d’avoir un enfant, passe le voir de temps en temps. L’ocĂ©an n’est pas loin, le bois Ă cĂ´tĂ© est plein de champignons ; en septembre, on entend le brame du cerf. Au moment de se quitter, Tito Ă©voque sa lecture rĂ©cente d’un livre de Bernard Moitessier, le marin qui un jour a prĂ©fĂ©rĂ© ne pas franchir la ligne d’arrivĂ©e. Il se lance, peut-ĂŞtre par mimĂ©tisme, peut-ĂŞtre pour le plaisir d’affabuler, dans la description d’un prochain voyage en PolynĂ©sie. J’amènerai ma guitare et du Noir de Bigorre. Je jouerai mes chansons et j’écouterai les leur, je recevrai mes amis de passage… Tu viendras me voir ? » Soudain, on se prend Ă rĂŞver de corail et d’îlot de sable, de lagon translucide et de toit en feuilles tressĂ©es. On s’imagine la nuit autour d’un feu avec Tito qui nous raconterait des histoires. Au fait, je t’ai parlĂ© de ma première guitare que j’ai achetĂ©e Ă un luthier manchot ? » Les Ă©lucubrations d’un homme soudain frappĂ© par la grâce. Par Edouard Baer du 19 au 21 novembre Ă Odyssud. Parolesde Bourvil Toutes les paroles ou lyrics de Bourvil: A bicyclette; A dada; Ă€ Joinville-le-pont; A la campagne; A pied, Ă ch'val et en voiture; AbonnĂ© au gaz; Abuglubu, abugluba ; Adèle; Ah, ce que t'es bĂŞte; Allumett' Polka; Angèle; Au son de l'accordĂ©on; Avec Bidasse; Baladin; Ballade irlandaise; Berceuse Ă FrĂ©dĂ©ric; Bonjour, monsieur le maĂ®tre d'Ă©cole; C'est l'piston; CC'est difficile de la rater. Pour le promeneur qui passe devant la permanence de campagne de GĂ©rald Darmanin dans le centre-ville de Tourcoing, il y d'abord ce portrait photographique imposant oĂą les cheveux poivre et sel montrent que le jeune loup qui avait ravi par surprise la mairie en 2014 a, depuis, usĂ© quelques nuits dans les couloirs de Bercy. Et puis surtout ce prĂ©nom, affichĂ© en plus gros caractères que le nom, qui paraĂ®t du coup comme Ă©crasĂ©. Je ne vois pas oĂą est le problème, c'est juste que tout le monde m'appelle GĂ©rald ici », s'amuse celui qui est bien dĂ©cidĂ© Ă conquĂ©rir une seconde fois la mairie lors des prochaines Tourcoing Ă pied avec GĂ©rald Darmanin, c'est entendre dans les rues quelques GĂ©rald », plusieurs monsieur le maire » mais aucun monsieur le ministre ». Paris parait loin, Ă des milliers de kilomètres. Le journaliste des Echos », quelque peu dĂ©routĂ©, doit se rendre Ă l'Ă©vidence les tourquennois n'interpellent pas le ministre des Comptes publicssur la rĂ©duction de 0,1 point de PIB du dĂ©ficit structurel promise au PLF, en retrait par rapport aux prĂ©visions de la LPFP, du PSTAB et de beaucoup d'autres acronymes barbares. Ah GĂ©rald, je voulais te prĂ©venir que l'hygiène passe le 25. » GĂ©rald, t'oublies pas de rĂ©pondre au message de ma fille ? » Ici, c'est la politique comme GĂ©rald Darmanin l'aime on serre toutes les pognes qui se prĂ©sentent, on prend en photo les panneaux de signalisation tordus il a ça en horreur, bien plus que la hausse du dĂ©ficit public visiblement pour l'envoyer sur une des nombreuses boucles Whattsapp oĂą il règle une partie des affaires de la ville, et surtout on distribue son numĂ©ro de de la politiqueIl faut savoir que la population de Tourcoing se divise en deux catĂ©gories d'un cĂ´tĂ© ceux qui l'appellent GĂ©rald et ont donc dĂ©jĂ son numĂ©ro de portable, et de l'autre ceux qui l'appellent seulement monsieur le maire » et qui vont obtenir son numĂ©ro de mobile dans la minute oĂą ils l'auront interpellĂ© dans la rue. C'est un petit truc qu'il utilise depuis quelques annĂ©es, et dont il parle Ă chaque journaliste parisien de passage Ă Tourcoing quand un habitant veut lui parler d'un problème, hop, il lui suggère de lui Ă©crire un SMS, en sortant si besoin une carte de visite sur laquelle il Ă©crit lui-mĂŞme Ă la main son numĂ©ro - comme un cadeau spĂ©cialement destinĂ© Ă son interlocuteur. Parler aux gens, c'est la base de la politique, et aujourd'hui il faut crĂ©er une Ă©motion, un lien personnel pour qu'ils vous entendent », professe-t-il. Avec presque personnes habitant Tourcoing, ça fait quand mĂŞme beaucoup de liens personnels Ă tisser. Mais la tâche ne l'a jamais effrayĂ©. Il s'en nourrit mĂŞme, en boulimique de politique, depuis plus de quinze ans qu'il arpente la ville. GĂ©rald Darmanin aime souvent Ă raconter que son arrivĂ©e Ă Tourcoing tiendrait avant tout Ă la crise de l'immobilier le jeune Ă©tudiant Ă Sciences-Po Lille n'avait pas les moyens de se loger sur place, et s'Ă©tait rabattu sur sa voisine, moins chère. La lĂ©gende fait tousser ceux qui l'ont connu Ă cette Ă©poque. Quand il dĂ©barque Ă Lille en 2002 pour poursuivre ses Ă©tudes Ă l'IEP, c'est en militant aguerri. DĂ©jĂ cinq ans qu'il a pris sa carte au RPR, dans le centre du Paris oĂą il a grandi. Les rĂ©unions dans les petits cafĂ©s avec saucisson et pinard, le copain facteur qui vous ouvre les portes Ă digicode pour accĂ©der aux boĂ®tes Ă lettres ou le sympathisant policier qui vous tire de mauvais pas tout cela a l'odeur de l'aventure, GĂ©rald Darmanin aime la mère femme de mĂ©nageAutant dire que les Ă©tudiants de l'IEP Lille voient dĂ©barquer un personnage dĂ©jĂ formatĂ© pour la politique. Il n'est pas du genre Ă arriver Ă l'IEP mal rasĂ©, Ă checker » d'une main molle en vous lançant ça va, gros ? » Non, avec lui, c'est souvent costume-chemise, poignĂ©e de mains franche tandis que l'autre pogne vous agrippe par l'Ă©paule, comme s'il s'apprĂŞtait Ă vous refiler un tract. C'Ă©tait une des rares personnes qui revendiquait son appartenance Ă la droite, on le remarquait forcĂ©ment », se souvient un camarade de l'Ă©poque. Parfois, il agace, se fait traiter de bourgeois arrogant. Lui, bourgeois ? AussitĂ´t, il dĂ©gaine que sa mère est femme de mĂ©nage concierge en rĂ©alitĂ©. La technique marche toujours aujourd'hui. L'assiduitĂ© aux cours n'est pas forcĂ©ment son fort, trop occupĂ© qu'il est par ses activitĂ©s militantes Ă Paris. Dès son arrivĂ©e, il a en revanche créé une antenne locale de », le club de rĂ©flexion d'un François Fillon alors sĂ©guiniste - Philippe SĂ©guin reste son grand homme avec Charles de Gaulle. Il Ă©tait clairement Ă l'IEP pour se crĂ©er un rĂ©seau », se souvient un autre Ă©lève de l'Ă©poque. L'actuel directeur, dĂ©jĂ prĂ©sent Ă l'Ă©poque, Pierre Mathiot, ne dit pas autre chose c'Ă©tait Ă©vident qu'il mènerait une carrière politique au vu de ses talents. Ce qui m'a Ă©tonnĂ©, c'est la vitesse Ă laquelle il est allĂ© ». Ascension Ă©clairA Lille, il est tout proche de Tourcoing, mais il va devoir faire un dĂ©tour par Paris pour y arriver. En 2003, il se fait remarquer par un dĂ©putĂ© du Nord inconnu du grand public, un certain Christian Vanneste, lors d'un stage Ă l'AssemblĂ©e nationale obtenu par hasard. Le jeune homme est dĂ©brouillard, travailleur et plein de toupet, sa marque de fabrique. Deux ans plus tard, l'Ă©lu RPR de Tourcoing est pris dans une tempĂŞte mĂ©diatique. Droite dĂ©complexĂ©e, niveau expert en quelques semaines, il a enchaĂ®nĂ© un amendement sur les aspects positifs » de la colonisation, puis une sortie contre l'homosexualitĂ© vue comme une menace pour la survie de l'humanitĂ© ». Le dĂ©putĂ© du Nord sent le soufre, et son assistant parlementaire dĂ©campe. Il pense alors Ă son ancien stagiaire pour le remplacer. L'affaire ne se fait pas car GĂ©rald Darmanin a dĂ©jĂ acceptĂ© un stage avec Jacques Toubon au parlement europĂ©en. Mais l'idĂ©e d'une collaboration informelle dans un tel attelage, quelle drĂ´le d'idĂ©e. GĂ©rald Darmanin y trouve pourtant son compte. Il sait qu'il a besoin d'une implantation locale pour percer en politique, et ses perspectives Ă Paris oĂą il milite sont bouchĂ©es. La fĂ©dĂ©ration de Paris Ă l'Ă©poque, c'Ă©tait l'horreur pour se faire une place », se souvient Franck Giovannucci, ancien responsable national des jeunes RPR qui l'a connu jeune militant parisien. Tourcoing a l'avantage de le ramener vers ce Nord oĂą il est nĂ© et qu'il aime, entre ses vacances Ă Ault dans la baie de Somme ou ses parties de pĂŞche sur l'Ă©tang paternel Ă Saint-Amand-les-Eaux. Avec le TGV, la capitale n'est qu'Ă une heure, pas nĂ©gligeable quand on vise un carrière politique nationale. Et puis Vanneste Ă©tait sulfureux donc isolĂ©, cela lui permettait de se faire une place plus facilement », persifle un ancien proche.Parti de petits bourgeois»De fait, GĂ©rald Darmanin devient rapidement incontournable dans l'Ă©quipe tourquennoise entourant le dĂ©putĂ©. Celui-ci en fait son directeur de campagne pour les lĂ©gislatives de 2007 puis les municipales de 2008. Le jeune homme est charmeur, blagueur, toujours prĂŞt Ă chanter Les crayons » de Bourvil, au grand plaisir de ses compagnons de tractage. Les collaborateurs d'Ă©lus, on ne les remarque pas forcĂ©ment. Mais lui a pris beaucoup de place très vite », se souvient Jean-Pierre Balduyck, maire PS de Tourcoing de 1989 Ă Christian Vanneste, une Ă©trange relation intellectuelle se noue. L'Ă©lu est un curieux spĂ©cimen, un politique Ă l'ancienne qui laboure son terrain, capable d'aller Ă n'importe quelle AG de cruciverbistes pour rĂ©clamer la parole devant 3 personnes. Mais c'est aussi un professeur de philosophie, qui aime dĂ©battre de littĂ©rature et d'histoire. Le midi, dans les brasseries de Tourcoing, les deux hommes dissertent sur Jean Giraudoux, sur le philosophe RenĂ© Girard ou sur l'hĂ©ritage de NapolĂ©on, encensĂ© par GĂ©rald Darmanin, vilipendĂ© par Christian Vanneste. Et sur les questions politiques ? GĂ©rald Darmanin assure aujourd'hui qu'il n'Ă©tait d'accord avec lui sur Ă peu près rien. Il Ă©tait libĂ©ral au plan Ă©conomique et conservateur au plan sociĂ©tal, et moi souvent le contraire ». A l'Ă©poque, Anne-Sophie Petit, aujourd'hui chercheuse associĂ©e au laboratoire Ermes, le croise pour la thèse qu'elle prĂ©pare. Elle retient ce commentaire sans pitiĂ© qu'il fait en 2006 sur l'UMP d'alors c'est devenu un parti de petit bourgeois …, plutĂ´t très progressiste et très libĂ©ral Ă la fois sur le plan des moeurs et sur le plan de l'Ă©conomie, très peu de sentiment national. C'est complètement l'inverse de ce que je pensais - et que je pense toujours - quand je me suis engagĂ©. » Si on avait dit alors au jeune GĂ©rald Darmanin que bientĂ´t il marcherait aux cĂ´tĂ©s de dĂ©putĂ©s de la Start-up nation » carburant au coca zĂ©ro !Coup de pokerEn 2008, Christian Vanneste perd une nouvelle fois aux Ă©lections municipales. Troisième dĂ©faite, le colĂ©rique Ă©lu en a sa claque, et laisse la tĂŞte de l'opposition au conseil municipal Ă son jeune protĂ©gĂ©. Mais bientĂ´t, entre les deux hommes, les liens se distendent. GĂ©rald Darmanin est de plus en plus Ă Paris, oĂą il a fait de Xavier Bertrand son nouveau mentor. Quand Christian Vanneste se lance en 2012 dans une nouvelle embardĂ©e homophobe, en parlant notamment de la fameuse lĂ©gende de la dĂ©portation des homosexuels », il reste cette fois prudemment Ă l'Ă©cart. TempĂŞte Ă l'UMP. L'investiture est retirĂ©e Ă Christian Vanneste, et GĂ©rald Darmanin saute sur l'occasion. Il m'avait demandĂ© de le remplacer puis il a voulu revenir sur cette dĂ©cision. Avec les militants, nous avions considĂ©rĂ© qu'il fallait tourner la page », jure-t-il aujourd'hui. Depuis, son ancien parrain lui voue une rancune tenace. Le coup de poker rĂ©ussit en tout cas et GĂ©rald Darmanin est Ă©lu Ă trente ans, beaucoup s'en seraient contentĂ©s. Pas GĂ©rald Darmanin, qui est dĂ©jĂ tournĂ© vers les Ă©lections municipales de 2014. Le pari est ardu voilĂ 25 ans que la ville est tenue par les socialistes. La citadelle paraĂ®t inexpugnable, il va donc falloir l'attaquer au canon. A partir de dĂ©but 2013, il parcourt inlassablement les rues de la ville, promettant Ă tous plus de sĂ©curitĂ© et moins d'impĂ´ts. Dans les bars, dans les salles, il rĂ©pète nous nous occuperons de vous ! » Alors que la tempĂŞte provoquĂ©e par le mariage pour tous est Ă peine calmĂ©e, il fait le pari que cela dĂ©tournera du PS les musulmans qu'il juge Ă l'Ă©poque conservateurs sur les sujets de sociĂ©tĂ© ». Quelques semaines avant le premier tour, un tract est distribuĂ© dans les quartiers populaires Contre la thĂ©orie du genre, ne votez pas le candidat du PS » Michel-François Delannoy. Mais c'est un autre tract qui reste encore, six ans plus tard, au travers de la gorge des socialistes. Le jeudi avant le deuxième tour, l'UMP locale distribue un document dĂ©nonçant le scandale de la gestion PS de Michel-François Delannoy ». Que fait-il de vos impĂ´ts ? » est-il Ă©crit, juste au-dessus de la copie d'une facture Ă euros du Carlton de Lille, cĂ©lèbre Ă l'Ă©poque grâce Ă l'affaire DSK. La chambre avait Ă©tĂ© rĂ©servĂ©e pour des artistes de passage Ă Tourcoing. Mais un coup d'oeil rapide au tract pouvait donner l'impression que le maire Ă©tait devenu le meilleur pote de Dodo la saumure - aux frais du contribuable. Ambiance. Trois jours plus tard, GĂ©rald Darmanin l'emporte d'une tĂŞte, avec 671 voix d'avance. Pour les militants RPR du coin, c'est un miracle auquel il ne croyait plus après toutes ces annĂ©es d'attente. GĂ©rald Darmanin est l'Ă©lu, dans tous les sens du terme. Au bar Le p'tit quinquin », toute l'Ă©quipe hurle sa joie sur les paroles des sardines » de Patrick SĂ©bastien. Ecrivain public ou assistant social»La campagne est finie, mais elle redĂ©marre dĂ©jĂ . GĂ©rald Darmanin ne conçoit la politique qu'au milieu des gens ». Toutes les semaines, mĂŞme après sa nomination Ă Bercy qui l'a obligĂ© Ă devenir premier adjoint, il organise des permanences Ă la mairie ou dans les quartiers de la ville. Les habitants viennent le voir, souvent dans l'espoir qu'il les aide Ă trouver un meilleur logement, ou pour obtenir des aides auxquels ils pourraient avoir droit. Il dit Les gens sont paumĂ©s face aux procĂ©dures administratives. Avec ces rencontres, comme tous les Ă©lus, je joue un peu le rĂ´le d'Ă©crivain public ou d'assistant social. ». Et quand les permanences physiques n'y suffisent pas, il y a les virtuelles. Chaque soir, il essaye de consacrer une heure pour rĂ©pondre aux messages qu'il reçoit sur les rĂ©seaux sociaux. Depuis qu'il est ministre, il n'est prĂ©sent en ville que deux Ă trois jours par semaine, mais son compte Facebook donne l'impression que Bercy a dĂ©mĂ©nagĂ© dans le Nord. A chaque assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, Ă chaque rencontre, Ă chaque conseil municipal, une photo ou une vidĂ©o. Si vous voulez le voir danser la country avec les membres de l'association California Blue, c'est sur cette plate-forme qu'il faut aller les fans du Patrick Swayze de Dirty Dancing risquent d'ĂŞtre un peu déçus. L'ubiquitĂ© grâce Ă FacebookQuand les permanences physiques n'y suffisent pas, il y a les virtuelles. Chaque soir, GĂ©rald Darmanin essaie de consacrer une heure Ă rĂ©pondre aux messages qu'il reçoit sur les rĂ©seaux sociaux. Depuis qu'il est ministre, il n'est prĂ©sent en ville que deux ou trois jours par semaine, mais son compte Facebook donne l'impression que Bercy a dĂ©mĂ©nagĂ© dans le Nord. Ă€ chaque assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, Ă chaque rencontre, Ă chaque conseil municipal, une photo ou une vidĂ©o. Si vous voulez le voir danser la country avec les membres de l'association California Blue, c'est sur cette plate-forme qu'il faut aller les fans du Patrick Swayze de Dirty Dancing risquent d'ĂŞtre un peu déçus. Son chat Boris, adoptĂ© Ă la SPA, y fait de frĂ©quentes apparitions, surtout depuis que l'Ă©lu a thĂ©orisĂ© qu'il fallait parler des animaux pour toucher les Ă©lecteurs. Son chat Boris, adoptĂ© Ă la SPA, y fait aussi de frĂ©quentes apparitions, surtout depuis qu'il a thĂ©orisĂ© qu'il fallait parler des animaux pour toucher les Ă©lecteurs. Son programme municipal Ă©voque d'ailleurs un endroit du souvenir », une sorte de cimetière pour animaux. Surprenant ? Quand on lui en parle, il dĂ©gaine que la moitiĂ© des habitants Ă Tourcoing ont un animal de compagnie. Rien n'est laissĂ© au hasard avec GĂ©rald Darmanin en matière de campagne Ă©lectorale. Ses bĂ©nĂ©voles peuvent en tĂ©moigner ils ont ordre d'Ă©crire Ă la main les adresses des Ă©lecteurs auxquels il adresse certains tracts, au motif que cela donnerait plus de chances Ă ces lettres d'ĂŞtre ouvertes et lues. Un ascète avec des envies d'ailleursDepuis quelques mois, ses proches expliquent dans la presse locale qu'il peut ĂŞtre Ă Tourcoing ce que Jean-Louis Borloo Ă©tait Ă Valenciennes. Ca tombe bien, lui explique dans la presse nationale qu'Emmanuel Macron a besoin d'un Borloo. Fini la campagne agressive de 2014, GĂ©rald Darmanin se pose cette annĂ©e en rassembleur et bâtisseur. Il parle Ă l'envie de cette parcelle de 7 hectares qui doit redessiner le centre-ville, et des habitants qui ont rejoint la ville durant son mandat. Avec les 200 camĂ©ras de vidĂ©oprotection installĂ©es dans la ville, il juge avoir tenu ses promesses en matière de sĂ©curitĂ©. Borloo et Darmanin sont tous deux hors normes. Mais le premier Ă©tait un jouisseur de la politique, quand le second est un ascète », estime un patron du Nord qui connaĂ®t bien les est une discipline. Depuis dix ans, pour GĂ©rald Darmanin, c'est permanence le vendredi, cafĂ© au centre-ville le samedi matin avant une visite au marchĂ©, un autre cafĂ© le dimanche matin, toujours dans le mĂŞme bar, et puis ces rĂ©unions d'appartement qui s'accumulent quand approchent les Ă©lections une cinquantaine depuis dĂ©cembre… Parfois, GĂ©rald Darmanin dit avoir des envies d'ailleurs. Je pense que cette municipale sera sans doute la dernière Ă©lection Ă laquelle je me prĂ©senterai. Le seul mandat Ă©lectif qui m'intĂ©resse, c'est celui de maire. Après trois mandats d'Ă©lu municipal, ce sera sans doute suffisant. J'adore la politique, mais elle m'a coĂ»tĂ© une grande partie de ma vie personnelle et je ne compte pas en faire Ă©ternellement. J'ai dĂ©sormais envie de me poser et de fonder une famille », jure-t-il, parlant d'entreprenariat, de dĂ©part Ă l'Ă©tranger avant ses 50 ans. En face, le journaliste ricaneur se dit tiens, un nouveau candidat Ă la tentation de Venise ». Une telle boulimie, et mĂŞme pas un petit Matignon ou ElysĂ©e pour la route ? Quelques jours plus tĂ´t, GĂ©rald Darmanin avait postĂ© sur son compte Facebook une vidĂ©o de karaokĂ© dans un bar de Tourcoing. Au milieu des Ă©charpes de foot, il y chantait du Aznavour J'me voyais dĂ©jĂ , en haut de l'affiche. » Ca, on l'a bien compris, mais l'affiche est-elle tourquennoise ou nationale ?Un paysage politique fragmentĂ©La campagne municipale a eu bien du mal Ă prendre Ă Tourcoing. Presque atone, si la permanence de GĂ©rald Darmanin n'avait pas Ă©tĂ© taguĂ©e par les opposants au 49-3 le 1er mars dernier. Le paysage politique est, il est vrai, complètement fragmentĂ© localement, avec pas moins de 8 listes. Le PS, qui a tenu la ville 25 ans, n'a mĂŞme pas prĂ©sentĂ© de candidat sous son Ă©tiquette. Le FN, traditionnellement fort, prĂ©sente un jeune mal connu. De quoi favoriser GĂ©rald Darmanin, qui a rĂ©ussi Ă Ă©largir sa majoritĂ©. Le Modem l'a rejoint, de mĂŞme que l'ancienne candidate PS qu'il avait affrontĂ©e aux lĂ©gislatives de 2012. En plus, Les RĂ©publicains n'ont pas mis de candidat face Ă lui. Il faut dire qu'il a gardĂ© dans son Ă©quipe la sĂ©natrice LR Brigitte Lherbier. Je l'aime beaucoup, il faut distinguer le national du local », explique-t-elle.
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